Après Tunisair, Mohamed Abbou, ministre de la Réforme administrative, s’en prend à la Banque Centrale de Tunisie. Et pour ne pas déroger à sa règle, il ne choisit pas les véritables gros dossiers de fraudes (s’ils existent), mais d’éventuelles infractions administratives, dont les auteurs n’ont fait qu’exécuter les ordres de leur chef.
Aux PDG de Tunisair, il a reproché le recrutement d’une nièce de Ben Ali. A cause de cette histoire, certains se sont retrouvés en prison, d’autres sont restés en liberté.
A la Banque Centrale, il n’a trouvé ni or dérobé ni abus, mais un dossier relatif à l’octroi du statut de non-résident à Sakher El Materi. Bien qu’il s’agisse de prérogatives d’autres départements ministériels, Mohamed Abbou s’est empressé quand-même d’aller intenter une action en justice contre le vice-gouverneur de la BCT, Ibrahim Saâda pour avoir octroyé ce statut au gendre de Ben Ali.
Fier de lui, il a posté son « acte révolutionnaire» sur sa page Facebook, hier vendredi en début de soirée. Information rapportée illico presto par Business News et qui a soulevé plusieurs interrogations, car il y a un hic dans cette histoire. En effet.
Mohamed Abbou, pressé de faire part de sa « découverte » sur sa page Facebook ne s’est pas rendu compte que l’action en justice en question ne pouvait pas être intentée contre Ibrahim Saâda qui n’était pas à la BCT lorsque le statut de résident a été octroyé à Sakher El Materi.
Quand il s’en est aperçu, il a tout simplement retiré le post de sa page Facebook. Ni vu, ni connu et sans mot d’excuses bien entendu.
Interrogé aujourd’hui par African Manager à ce propos, Mohamed Abbou a botté en touche en disant que l’information est fausse. Puis, il avoue qu’il y avait une erreur et jette la responsabilité de cette erreur aux administrateurs de sa page Facebook.
Il déclarera enfin qu’il l’a effacé de sa page, ce que nous avons déjà constaté. Quant au mot d’excuses à Ibrahim Saâda qui a été alerté très rapidement hier soir par cette mauvaise nouvelle, il attendra encore un peu.
Qui sera la personne ciblée par Mohamed Abbou dans sa plainte revue et corrigée ? Selon certains bruits de couloir, ce serait Taoufik Baccar, l’ancien gouverneur de la BCT.
On n’en est pas à une honte près, un gouverneur poursuivi pour une pareille histoire alors que le même Abbou n’a de cesse de parler de l’argent volé aux Tunisiens !
Le véritable objectif est ailleurs cependant et il est atteint. Cet objectif est qu’avant le démarrage de la campagne électorale, on parle suffisamment de Abbou qui a mis en prison les « voleurs » et les « méchants » du régime dictatorial qui a saigné le pauvre peuple tunisien.
Paradoxalement, cet ancien prisonnier d’opinion est censé connaitre vraiment le sens réel de l’injustice… Mais peut-être que le sens réel de la revanche est plus aigu chez lui que l’esprit de la justice et de l’Etat.
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